mercredi 2 juillet 2008

Deux eaux...un prix

Le prix de l’eau va baisser à Pont-à-Mousson. Youpi ! Et rendons à César ce qui est à César, c’est le résultat des négociations menées par la municipalité lors du renouvellement du contrat d’affermage du service public de distribution d’eau potable. Mais vu le prix franchement excessif pratiqué depuis 15 ans, il faut bien reconnaître qu’il ne pouvait que baisser. Et si cette baisse est saluée par tous, bien que la Ville n’ait fait aucun effort direct sur sa part propre incluse dans le prix final de l’eau pour accentuer cette baisse alors que les Mussipontains l’auraient mérité après 15 ans d’efforts. Il n’empêche que des zones d’ombre subsistent, tant dans le choix du nouveau délégataire que sur la qualité de l’eau que la municipalité entend faire distribuer à ses habitants au cours des dix prochaines années. Explications.
Par délibération rendue exécutoire le 8 juin 2007, le conseil municipal s’est prononcé sur le principe de délégation du service public de distribution d’eau potable par voie d’affermage à compter du 1er juin 2008.
Et pour une décision aussi importante, vu le prix de l’eau pratiqué à Pont-à-Mousson depuis une quinzaine d’années, le choix de la nouvelle société chargée de la distribution de l’eau potable fut un point discuté lors du conseil du 22 mai, soit huit jours avant la date limite. Un bel exemple de démocratie locale qui tend à prouver une nouvelle fois que beaucoup trop de choses se décident dans la précipitation, sans grande concertation. C’est dommage car c’est souvent comme cela qu’on fait des erreurs. Et il semble que ce fut, sur ce sujet précis, une nouvelle fois le cas.
Et ceci pour deux raisons majeures :

* La première concerne le choix du délégataire (VEOLIA, la Nantaise des eaux services (NDES), Lyonnaise des eaux (LDE) ou la SAUR) : dans le rapport sur le choix du candidat, les éléments de comparaison tant techniques que financiers ont été présentés aux élus. La comparaison des éléments techniques, proposant une eau et des installations de qualité supérieure, parfois même nettement supérieure, plaident nettement pour VEOLIA. Au niveau du prix, le rapport proposé par la municipalité estime que les prix proposés par les deux autres firmes sont significativement supérieurs à ceux de la SAUR. C ’est faux : la moins-disante était NDES alors que la différence entre la SAUR et VEOLIA, visiblement les firmes présentant les meilleures garanties techniques, n’était que de 1,2 centime par mètre cube. Si on estime qu’une famille moyenne (parents et deux enfants) consomme 100 mètres cubes par an, cela représente un surcoût de 1,2 euro par an. Refuser de payer 1,2 euro de plus par an (soit 0,1 euro par mois) pour jouir d’une eau de meilleure qualité et de garanties techniques supérieures, il semble évident que cela n’aurait pas été le choix de beaucoup de familles mussipontaines. Mais vu qu’il ne restait que huit jours à la municipalité pour prendre sa décision, inutile de dire qu’il n’était envisagé (ni envisageable d’ailleurs) d’organiser un référendum citoyen à ce sujet. Et c’est bien dommage car il y a fort à parier que les Mussipontaines et les Mussipontains auraient fait preuve de plus de discernement que la municipalité. Dans ce cadre, comment expliquer que le rapport minimise les offres de NDES et de VEOLIA au profit de la SAUR alors que les éléments de comparaison sont systématiquement au profit de l’un ou de l’autre ? Comment expliquer que dans la synthèse, la SAUR apparaît de manière contradictoire en première position par la municipalité ?Cela laisse pantois. Et, face à ce qu’appelle Paul Giroux « l’épicerie » dans son exposé brillant du 22 mai (salué également dans les rangs de la majorité), il reste des interrogations qui, dans certains esprits, peuvent vite tourner à la suspicion. Mais pas pour moi… ce n’est pas mon genre.

* Le deuxième point concerne la prise en charge de l’amélioration de la filière de traitement de l’eau de la source du Père Hilarion. Paul Giroux, encore une fois lui, a soulevé cette fois un lièvre format mammouth : en effet, et le maire l’a confirmé lors de la séance du 22 mai, seule la source du Père Hilarion sera traitée en matière d’équilibre calcocarbonique (traitement permettant de fournir une eau dont le taux de calcaire est raisonnable : un luxe pour notre ville qui a plutôt l’habitude de consommer de l’eau dure). Tout irait bien dans le meilleur des mondes si la source du Père Hilarion était la seule source qui alimente la ville. Et ce n’est malheureusement pas le cas : en effet, une grande partie de l’eau fournie à Pont-à-Mousson (85%) vient de Dieulouard et cette eau ne sera absolument pas traitée contre le calcaire.

En bref, une fois que l’installation de traitement sera opérationnelle, les abonnés de la ville payeront tous le même prix pour une eau d’une qualité différente : pour faire simple, le quartier Saint Laurent jouira d’une eau traitée contre le calcaire et le quartier Saint Martin n’aura que ses yeux pour pleurer et ses habitants pourront continuer à changer leur machine à laver tous les deux ans.
C’est parfaitement injuste, et cette injustice est parfaitement connue, même reconnue et intégrée par les membres de la municipalité qui ont su lire le rapport sur la distribution d’eau potable. Rassurez-vous, ils sont peu nombreux à avoir compris cette subtilité car sinon il y a fort à parier qu’une majorité d’entre eux auraient demandé au maire que chaque Mussipontain soit traité de la même manière, indifféremment de la situation géographique de son lieu d’habitation. Quant aux autres, ceux qui ont parfaitement intégré les tenants et les aboutissants de ce point, noyé il est vrai dans le dit rapport, on ne peut que souhaiter que, durant le mandat, leur intégrité et leur honnêteté prennent le pas sur leur cynisme.
Olivier Postal

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