mercredi 25 février 2009

Qui ne dit rien consent

Voici l’intervention de Paul Giroux, hier lors du conseil municipal au cours duquel eut lieu le débat d’orientation budgétaire. Durant ce discours, le maire a fait beaucoup de grimaces mais n’a fait aucune remarque. Comme dit le proverbe : « Qui ne dit rien consent ». Monsieur le Maire, mesdames et messieurs les adjoints, chers collègues,
Le document que vient de nous présenter le maire, dans le cadre du débat budgétaire de l’exercice 2009, nous laisse quelque peu songeurs et ceci à plusieurs titres.
Tout d’abord, d’une manière générale, il est vrai, et nous vous rejoignons sur ce point, que l’année 2009 sera une année particulièrement difficile pour nous tous, pour les membres du personnel municipal et bien évidemment pour l’ensemble de nos concitoyens. La crise financière qui a débuté cet été s’est vite transformée en crise économique.
Tous les secteurs de l’activité sont touchés et actuellement tous les voyants sont au rouge et personne ne peut dire quand nous sortirons de ce marasme. La suite logique est connue : cette crise économique est d’une telle virulence qu’elle va vite se transformer en crise sociale.
Actuellement, comme la plupart des Français, les Mussipontains sont inquiets pour leur avenir, pour leur emploi, pour leur pouvoir d’achat. Beaucoup se demandent s’ils auront les reins assez solides pour continuer à payer leurs traites, à engager les travaux nécessaires dans leur logement, d’autres, les plus fragiles, s’interrogent même sur leurs capacités à chauffer correctement leur logement ou même à nourrir leur famille.
Face à cette crise, deux théories que la plupart des économistes opposent nous sont proposées : des aides directes pour redonner du pouvoir d’achat aux Français en espérant que la consommation ainsi dopée relancera l’économie. Ou une politique d’investissement, dite de grands travaux, qui soutiendra l’économie en permettant aux entreprises de travailler et donc de ne pas licencier et même pour certaines d’embaucher. Dans ce contexte, l’Etat, par l’intermédiaire du président de la République et de son gouvernement a lancé un plan de relance de quelque 26 milliards d’euros largement axé sur les investissements, et, la semaine dernière, le chef d’Etat a proposé des mesures, fiscales et autres, pour redonner un peu de pouvoir d’achat aux Français, notamment aux plus fragiles, à hauteur de 2,6 milliards d’euros.
Notre rôle ici n’est pas de discuter de la pertinence de ces mesures, ni même de débattre pour savoir si cela sera suffisant ou pas. Par contre, nous ne pouvons que remarquer que devant des circonstances exceptionnelles, l’Etat est capable de mettre en place des mesures exceptionnelles. Dans le même ordre d’idées, de nombreuses collectivités territoriales, Régions, Départements et bien évidemment Communes, ont su adapter leur politique à cette nouvelle donne en réorientant leurs priorités afin de soutenir concrètement leurs concitoyens, et par la même occasion de donner du souffle au plan de relance de l’Etat.
Certaines collectivités ont donc fait le choix d’octroyer des aides directes, exceptionnelles évidemment, en baissant par exemple les taux d’imposition ou en soutenant les ménages les plus fragiles par le biais d’un renforcement des aides étatiques, régionales ou départementales existantes (primes à l’énergie, aides pour les titres de transport domicile-travail, aide pour les jeunes qui souhaitent passer le permis de conduire, aide pour les étudiants, pour les personnes âgées, pour les charges liées à la garde d’enfants… j’en passe).
D’autres ont également pris en considération les difficultés de leur personnel en votant des primes exceptionnelles capables de les aider à faire face aux difficultés actuelles. A Pont-à-Mousson, rien de tout ça: aucune aide particulière directe n’est envisagée. Pour 2009, la subvention au CCAS sera simplement maintenue au même taux qu’en période de croissance... Bref, tout est comme si de rien n’était, comme si cette crise n’existait pas.
Vous me direz, mesdames messieurs, et surtout vous Monsieur le Maire, que je suis devenu plus socialiste que les socialistes, vous allez comme à votre habitude me traiter de démagogue en m’expliquant que ce n’est pas en distribuant de l’argent de cette manière qu’on sortira de la crise et qu’on aidera efficacement nos concitoyens. Sachez que votre opinion m’est parfaitement égale. Je souhaite simplement insister auprès de vous sur le fait que face à des circonstances exceptionnelles, il faut être capable de mettre en œuvre des mesures exceptionnelles, de faire preuve d’imagination. Ce qui, malheureusement, n’apparaît pas dans votre projet budgétaire.
D’autres collectivités ont décidé de soutenir l’économie par l’instauration d’une politique d’investissements ambitieuse, capable d’aider à la fois les entreprises locales et d’inciter à investir ceux qui le peuvent encore: cela passe par exemple par le lancement de gros travaux mais aussi par la mise en œuvre de subventions qui incitent les propriétaires à rénover leur habitat (ravalement de façades, travaux d’isolation, de chauffage, raccordement au réseau d’assainissement etc…). Dans la plupart de ces cas, des subventions ou des incitations fiscales existent déjà. Mais elles ne suffisent plus. C’est pour cela que beaucoup de collectivités locales ont fait le choix de renforcer ces mesures.
A Pont-à-Mousson, il faut bien le reconnaître, si aucune incitation supplémentaire n’est mise en œuvre pour les privés, et on peut le regretter, la commune va investir. Mais, d’après votre document, on ne sait absolument pas à quelle hauteur. On a un chiffre global pour ce qui est du fonctionnement mais rien de concret concernant l’investissement. Ceci étant dit, vous allez :
- Investir 2.700.000 euros pour le nouveau centre technique municipal. Malheureusement, cette réalisation très attendue par le personnel technique n’engendrera que très peu d’activité. Une grosse partie de cette somme sera consacrée à l’achat du bâtiment et de très nombreux travaux d’aménagement seront réalisés en régie. Bref, ce projet n’aura que très peu d’incidence sur l’économie locale.
- Par contre, seuls 250.000 euros seront affectés à la rénovation de la voirie. Avec une somme aussi dérisoire, la commune pourra restructurer 100 à 200 mètres de voirie sur un total de 44 kilomètres. Ridicule et en totale contradiction avec vos promesses électorales. Vous avez promis à la moitié des habitants de la ville de rénover leur chaussée. Ce n’est pas avec un tel budget que vous tiendrez vos promesses.
- Vous avez également décidé d’investir 60.000 euros dans un parking provisoire à l’ouest de la gare. Mais pas un euro pour votre fameux parking souterrain en centre-ville qui pourtant était un de vos projets phares lors de la campagne électorale. Nous supposons que vous vous êtes rendu compte de l’énormité d’une telle bêtise et nous nous félicitons que finalement vous ayez choisi l’option que nous préconisions.
Politiquement, vous avez trompé une nouvelle fois vos électeurs mais, techniquement, vous avez fait le bon choix. Nous espérons simplement que, quitte à mettre en œuvre le programme des autres listes, vous irez cette fois au bout des choses en créant dans le secteur de la gare un parking aérien à étages, seule solution pérenne au problème du stationnement en centre-ville.
- Vous envisagez également d’investir 90.000 euros pour des gros travaux d’entretien sur le ruisseau du 2e Bas-Lieux. Je suppose qu’il s’agit de travaux sur le ban communal de PAM. Mais existe-t-il un plan global d’action avec les communes de Norroy et Vandières, avec la SNCF et avec VNF ? J’attire une nouvelle fois votre attention sur le fait que si tel n’est pas le cas, si les travaux ne commencent pas par l’aval du cours d’eau, les 90.000 euros investis sur PAM ne serviront strictement à rien. Ce sera de l’argent purement et simplement jeté par les fenêtres.
- Concernant les bâtiments, 140.000 euros pour les treize écoles de la ville (soit un peu plus de 10.000 euros pour chacune) nous semblent très insuffisants, 75.000 euros pour l’ensemble des installations sportives (hors terrain de foot) est une somme risible au regard des travaux urgents et nécessaires qu’il faudrait engager au centre des sports.
- Vous attribuez une enveloppe budgétaire prévisionnelle de 380.000 euros pour la capitainerie au port de plaisance : nous ne disons pas qu’il ne faudra pas la faire un jour mais en cette période difficile, est-ce vraiment une priorité ? Comment pouvez-vous engager une telle somme pour un projet qui est si loin des priorités actuelles des Mussipontains ? Combien de Mussipontains ont un bateau ?
- Concernant l’environnement, vous restez assez vague. Vous ne divulguez pour le moment aucun chiffre. Vous parlez de la poursuite d’un effort « tout particulier » concernant le mobilier urbain et le fleurissement alors que la ville stagne à 2 fleurs depuis des années : il faudrait arrêter un instant de se la jouer pour s’attaquer enfin au véritable problème de la Ville : la propreté. Allez un peu vous promener ailleurs et vous vous rendrez vite compte que PAM est une ville sale. L’environnement, c’est comme le soin corporel : pour s’embellir, plutôt que de se maquiller sans cesse, il est préférable de se laver régulièrement. Monsieur le maire, l’environnement, c’est bien plus que de planter des fleurs et d’installer des bancs publics. C’est également avoir une politique claire concernant le développement durable, les économies d’énergies, etc… Une politique qui n’apparaît pas dans ce débat d’orientation budgétaire. On est loin de suivre les directives du Grenelle de l’environnement. Et nous le déplorons.
- Concernant le service des eaux, nous saluons la baisse du prix du mètre cube suite à la mise en concurrence de la délégation de service public concernant la distribution. Mais, je tiens également à signaler que votre effet d’annonce concernant une baisse de 44% est totalement erroné dans les faits. Chaque foyer mussipontain a reçu sa facture d’eau pour 2008 et a pu remarquer que si le prix de la distribution a effectivement baissé d’une manière significative, les taxes de l’agence de l’eau et surtout le prix du traitement des eaux usées ne cesse d’augmenter à chaque semestre et ceci depuis des années. Cela donne quelque peu l’impression que ce que l’on perd d’un côté, on le récupère, au moins en partie, de l’autre. Résultat des courses : l’économie réalisée par un ménage consommant 100 mètres cubes s’établit à environ 4 euros par mois. C’est bien mais je pense que cela aurait pu être plus intéressant en mettant peut-être plus de pression sur la société gérante concernant le traitement car à ce rythme, dans à peine un an ou deux, le prix de l’eau retrouvera son prix initial.
- Je sais que le dossier de l’eau dont vous avez hérité n’est pas très simple à gérer. Mon intervention n’a pas pour but de vous accabler mais simplement de dénoncer, comme je l’avais déjà fait au printemps dernier, un effet d’annonce mal présenté qui n’a pas eu l’effet escompté pour nombre de nos concitoyens. Il y a également dans ce domaine une réelle différence entre la théorie et la pratique : les Mussipontains préfèrent qu’on leur parle vrai plutôt qu’on leur annonce des chiffres qui travestissent la réalité de leur portefeuille. Monsieur le Maire, au vu de cette proposition d’avant-projet de budget, il semble évident que vous ne vous rendrez pas compte de l’ampleur de la crise, des difficultés actuelles rencontrées par l’ensemble de la population mussipontaine et des difficultés que nous allons devoir traverser cette année et très vraisemblablement en 2010.
Contrairement à vos dires, vous n’accompagnez pas le plan de relance du gouvernement car votre budget n’est pas boosté et n’est orienté ni directement vers les Mussipontains, ni vers les entreprises locales qui n’en tireront que très peu de bénéfices. Vos priorités ne sont pas, pour la plupart d’entre elles, celles de la population. Cette dernière souhaite être soutenue pour traverser ce qui s’annonce comme une des périodes économiques les plus noires que le monde ait connu. Elle souhaite vivre dans une ville propre, sûre et solidaire. Elle souhaite que son administration qui lui est la plus proche prenne en considération tous ces éléments et puisse l’aider notamment à retrouver un peu de pouvoir d’achat et à protéger les emplois. C’est pourquoi nous souhaitons que vous revoyiez votre copie et que le budget que vous vous apprêtez à nous présenter soit plus conforme à la conjoncture du moment, plus conforme aux attentes de la population.
Car, comme a dit un ministre et ancien secrétaire d’un parti qui vous est proche : « Quand la maison brûle, ce n’est pas le moment de regarder le compteur d’eau ». Inspirez-vous de cet adage pour changer les choses. C’est souvent dans les moments difficiles que l’on arrive à juger les qualités de nos élus. Vous avez le pouvoir de changer les choses, alors faites-le.
C’est ça avoir le sens des responsabilités.

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